Conclusions des groupes de discussion : les éducateurs et l'éducation aux médias
Nous avons demandé à 53 éducateurs spécialisés dans l’éducation aux médias dans 6 pays différents quels étaient leurs défis et leurs suggestions d’amélioration. Vous êtes curieux de connaître leurs réponses ?
Tout comme les ressources développées tout au long du projet Pixel Media en tenant compte des besoins des praticiens, nous veillons à ce qu’elles soient facilement transférables. Avant de nous plonger dans les résultats, laissez-nous vous donner un peu de contexte.
Le groupe de discussion, ou entretien de groupe approfondi, est l’une des méthodes de recherche les plus largement utilisées en sciences sociales. Il est décrit comme « un outil d’investigation basé sur une discussion structurée et ciblée avec un petit groupe de personnes, animée par un modérateur afin de générer des données qualitatives à travers une série de questions ouvertes ». (Al-Ababneh, 2018). Les groupes de discussion sont couramment utilisés pour obtenir des informations approfondies dans un cadre guidé, ce qui est exactement ce que nous avons fait.
Cette technique a pris de l’importance après la Seconde Guerre mondiale et serait née en 1941 au Center for Radio Research de l’université Columbia, où Robert Merton a mené des études pour évaluer les réactions du public aux programmes radiophoniques (Stewart, D. W., & Shamdasani, P. N. (1990). Depuis lors, les groupes de discussion sont devenus un outil courant pour recueillir des informations qualitatives et ont été adoptés dans divers domaines, notamment l’éducation. En 2025, dans le cadre du projet Pixel Media, nous utilisons cette méthode pour explorer les besoins éducatifs des enseignants, en particulier dans le contexte de l’éducation aux médias.
Chacun des partenaires du projet Pixel Media a organisé un groupe de discussion local avec des éducateurs entre avril et juin 2025 :
– YuzuPulse (Tourcoing, France),
– Département d’études pédagogiques « G.M. Bertin », Université de Bologne (Bologne, Italie),
– Fondation pour l’entrepreneuriat, la culture et l’éducation (Sofia, Bulgarie),
– LogoPsyCom SCS (Mons, Belgique),
– Association OPENS des organisations de jeunesse (Novi Sad, Serbie),
– RINOVA (Malaga, Espagne).
Les six groupes de discussion ont suivi un questionnaire semi-structuré et comprenaient des éducateurs ayant une expérience dans l’enseignement de l’éducation aux médias, de la citoyenneté, de l’intégration des technologies ou de sujets connexes (issus de structures gouvernementales, d’ONG ou formateurs experts).
L’objectif principal était de mettre les éducateurs à l’honneur et d’explorer leurs perceptions et leurs expériences en matière d’éducation aux médias. La nature interactive des groupes de discussion encourage les participants à s’appuyer sur les idées des uns et des autres, ce qui permet d’approfondir la compréhension des questions éducatives et de co-créer des solutions potentielles. Cette approche nous a permis d’identifier les besoins des éducateurs et des apprenants sur la base des commentaires fournis par les éducateurs.
L’environnement numérique est considéré comme une priorité par les deux parties. Par conséquent, les défis identifiés par les enseignants et les apprenants, tels que le fossé générationnel et l’environnement de flux d’informations, coïncident.

Le tableau ci-dessus décrit non seulement le fossé générationnel, mais souligne également la nécessité d’une adaptation conduisant à des changements dans le système éducatif, les programmes scolaires, les méthodes d’enseignement et les rôles conventionnels des enseignants et des apprenants. Il s’agit d’un long processus, mais travailler dans cette direction contribuera également à garantir que l’approche holistique de l’éducation aux médias soit reconnue au niveau gouvernemental.
L’intégration des jeux vidéo dans la pratique scolaire est largement reconnue. Ce faisant, l’apprentissage par le jeu développe un large éventail de compétences qui vont au-delà de la mémorisation, telles que la résolution de problèmes, la collaboration et l’utilisation des technologies. Des discussions sont nécessaires pour combler le fossé entre les générations et construire un savoir commun. Les éducateurs repensent leurs méthodes d’enseignement et leurs processus d’apprentissage en employant des stratégies d’enseignement hybrides efficaces et attrayantes.
Les apprenants sont entourés de divers écosystèmes médiatiques, notamment des outils d’IA et les réseaux sociaux, et ils ont besoin de plus d’informations sur la manière de naviguer dans cet environnement et de prendre des décisions critiques. C’est pourquoi les avis des experts et des éducateurs sont utiles. Le point essentiel est que le savoir n’appartient plus à une seule personne, l’éducateur. L’environnement contemporain nécessite un espace pour la participation active de tous, et la facilitation de simulations, de scénarios basés sur des jeux, de jeux vidéo, de discussions et de développement de projets communs est privilégiée. La tâche des éducateurs consiste à créer un environnement propice à l’exploration ludique de sujets cruciaux et au développement de compétences sociales, analytiques et créatives. Les apprenants s’intéressent davantage à la manière dont ils reçoivent les informations. Le rythme effréné du monde actuel engendre une certaine anxiété liée à l’information, et il est essentiel de savoir filtrer, analyser, vérifier et comprendre clairement le contexte. Comme l’ont montré les groupes de discussion, encourager la pensée critique et l’application des connaissances peut susciter l’intérêt et la motivation des jeunes.
Références :
Al‑Ababneh, M. (2018). Focus groups. 10.4135/9781506307633.n331.https://www.researchgate.net/publication/325181613_Focus_Groups
Stewart, D. W., & Shamdasani, P. N. (1990). Focus groups: Theory and practice. Sage Publications.
Manzano, A. (2022). Conducting focus groups in realist evaluation. Evaluation, 28(4), 564–583. https://doi.org/10.1177/13563890221124637
Rapport final des groupes de discussion des partenaires du projet Pixel Media, (avril – juin 2025).